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RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS

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4. DES EXEMPLES DE PROJETS RÉCENTS

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"Le patrimoine pour re-tisser le territoire : l’expérience récente de la Communauté de l’Ouest Rhodanien"

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Anaïs ESCHENBRENNER et Thomas NARDOUX 

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Lorsqu’en 2014, la Direction Régionale des Affaires Culturelles Auvergne-Rhône-Alpes lance une démarche expérimentale de développement de l’éducation aux arts et à la culture à destination d’intercommunalités essentiellement rurales, la Communauté de l’Ouest Rhodanien se saisit immédiatement de ce dispositif. Elle se tourne vers le Centre Culturel Associatif Beaujolais qui propose, en lien avec le service Culture de la COR, l’Ecomusée du Haut-Beaujolais et le Musée Barthélemy Thimonnier de la machine à coudre et du cycle, le projet Re-tissons le territoire (de friches en friches). Avec, d’un côté, un patrimoine en partie délaissé et, de l’autre, un territoire en construction, l’idée est de faire revivre l’histoire locale, notamment industrielle, mais d’une autre façon, artistique en l’occurrence, et de servir du passé pour imaginer le futur.

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Le 31 juillet 2015, la COR signe la convention avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles et l’Education Nationale, pour une période de trois ans, donnant ainsi le coup d’envoi de Re-tissons le territoire, la Région Auvergne - Rhône-Alpes et le Département du Rhône apportant également leur soutien financier. Ce projet va permettre de créer une nouvelle dynamique sur le territoire. La présentation pendant le colloque sera l’occasion de revenir sur les différents aspects du projet. Tout d’abord, les objectifs. Il s’agit de mettre en valeur l’histoire, le patrimoine et les savoir-faire du territoire et de réfléchir à son avenir en intégrant tous les habitants à des processus artistiques mais aussi de créer une identité pour la toute jeune Communauté de l’Ouest Rhodanien, créée le 1er janvier 2014, d’aider toute une population à se réapproprier son passé pour aller de l’avant en (re)créant du lien social à travers des projets communs et de poursuivre le travail de résilience à l’œuvre depuis plusieurs années. À cela s’ajoute la question patrimoniale des friches : comment donner une nouvelle vie à ces bâtiments, derniers témoins d’une époque pas si lointaine mais en grande partie révolue ? Les expériences artistiques et culturelles menées ailleurs en France ont guidé notre réflexion. Mais, au-delà des bâtiments, c’est aussi tout un territoire qu’il faut « défricher » avant de le « cultiver » à nouveau.

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Ensuite, le déroulement opérationnel. Avec l’aide du CCAB, la COR constitue une équipe artistique dont la force réside dans la diversité des disciplines qu’elle représente (arts plastiques, vidéo, photographie, spectacle vivant, musique ou bien encore installations multimédia). Les projets se succèdent sur le territoire à travers des créations artistiques variées, grandes ou petites, pérennes ou éphémères, susceptibles de toucher tout un chacun. Les acteurs locaux sont sollicités pour mobiliser les publics. Enfin, les résultats et retombées sur le territoire. Au final, plus 1 500 personnes (élèves, résidents d’EPHAD, compagnons d’Emmaüs, retraités, etc) et une trentaine de partenaires (communes, associations, établissements scolaires ou médico-sociaux...) ont participé et tout un réseau a pu être tissé. Devant le succès de cette première expérience, une nouvelle convention est signée en 2018 et lance le projet Re-dessinons le territoire : Patrimoine(s) et Paysage(s). Le patrimoine, matériel et immatériel, et le paysage sont les axes forts autour desquels s’articulent les propositions artistiques dont le but est de permettre aux habitants de s’approprier différemment ce qui les entoure et de découvrir le quotidien des autres.

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"Patrimoine de proximité et communautés patrimoniales comme ressources d’une

construction territoriale : premiers résultats d’une recherche en Val de Loire "

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Romeo CARABELLI et Georges-Henry LAFFONT

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Le patrimoine, producteur de « lien social » dans la mesure où il établit la permanence d’un territoire, en convoquant « au présent » une communauté et son passé hérité (Davallon, 2007), est instrument de transformation, sorte de principe actif du développement local en valorisant le sol et la population qui l’habite (Morisset, 2014).  En cela, il participe pleinement du territoire, cet « agencement de ressources matérielles et symboliques capable de structurer les conditions pratiques d’un collectif social et d’informer en retour ce collectif sur sa propre identité » (Debarbieux, 2003).

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En explorant les mécanismes et les ordres symboliques propices à l’appropriation de biens patrimoniaux tout comme les stratégies et modalités de leurs mobilisations pour valoriser le territoire, les travaux en Heritage Studiesmettent en exergue un décalage entre une conception institutionnelle et des représentations, constructions, appropriations et usages locaux du patrimoine. Ainsi, dans de nombreux territoires, émergent des communautés patrimoniales qui agissent pour modifier la patrimonialisation institutionnelle. Dans de tels cas, les acteurs institutionnels ne sont plus les seuls responsables de la qualification, gestion, conservation et valorisation d’un bien prenant un caractère patrimonial ou revendiqué comme tel. Encore faut-il qu’un dialogue constructif puisse s’établir entre les institutions territoriales et les communautés patrimoniales pour que cet héritage de proximité potentiellement patrimonial puisse participer d’une valorisation territoriale et qu’en terme de gouvernance il s’articule, localement et à d’autres échelles, avec le patrimoine institutionnel et les autres processus de développement du territoire. Dès lors, pour l’ensemble des acteurs,  l’enjeu est non seulement d’être en capacité d’identifier ces biens patrimoniaux mais aussi de les mobiliser comme ressources utiles pour le développement territorial. 

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Le programme de recherche « Patrimoine culturel de proximité, Bien Commun pour la construction territoriale » [1] souhaite participer à relever cet enjeu de deux manières. Tout d’abord par la production d’une connaissance plus fine des patrimoines de proximité, des communautés patrimoniales et de leurs potentiels territorialisant en région Val de Loire. Puis, par la construction d’une méthodologie itérative, l’intégration des patrimoines de proximité dans les documents et pratiques de transformation territoriale. S’inscrivant dans l’Axe 2 « patrimoine ressource », notre proposition souhaite mettre au débat les premiers résultats de cette construction d’une polyarchie territorialisée du patrimoine articulant le patrimoine véhiculé par le discours et celui éprouvé comme affect (Jansen, 2018), instituant ainsi un espace de négociation politique entre tous les acteurs. Par cette construction, qu’il reste encore à éprouver, le patrimoine de proximité devient une ressource de la construction territoriale, de « ce qui se fait ensemble et ce qui est inséparable du processus sociopolitique par lequel des parties distinctes et différentes acceptent, pour une durée déterminée, de faire front conjointement » (Brédif Christin, 2009).

 

1. une présentation détaillée de ce programme est proposée dans la notice de présentations des auteurs.

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