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RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS

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5. PATRIMOINE INDUSTRIEL

 

"La coopérative Ardelaine, mémoire du futur"

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Gérard et Béatrice BARRAS

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Le territoire des Boutières, en centre Ardèche est un pays de pentes irrigué par de nombreux cours d’eau qui ont été les sources d’énergie de nombreux moulins depuis le XVème siècle puis des fabriques du XIXème siècle. La commune de Saint-Pierreville comptait une dizaine de moulins, 6 moulinages de soie et une filature de laines. Cette filature, bâtie en 1860 menaçait ruines dans les années soixante-dix lorsqu’un groupe de jeunes a décidé d’entreprendre sa réhabilitation. Ardelaine patrimoine vivant, économique et social : le projet d’Ardelaine s’inscrivait dans un objectif de revitalisation rurale. Il s’agissait de restructurer une filière laine locale sur ce site historique, de la tonte des moutons à la commercialisation des produits finis, en circuit court. 40 ans après, la SCOP est fière de son développement, elle travaille les laines de 200 éleveurs, compte 50 emplois (ETP) et fabrique une gamme de produits diversifiée qu’elle commercialise dans toute la France.

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Ardelaine patrimoine d’un savoir-faire universel : En 1990, Ardelaine crée un musée de la laine pour transmettre au public l’histoire et les savoir-faire de la filière : élevage, tonte, filage, tissage, tricotage, feutrage, teinture.... Un premier parcours muséographique expose les techniques de travail de la laine préalables à la mécanisation, un second parcours réalisé en 2000 expose les étapes qui ont permis l’accès à la mécanisation, les manufactures royales de production, puis l’industrialisation. Un véritable exposé qui renvoie à l’histoire du travail d’une manière générale.

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Ardelaine patrimoine du futur : La SCOP Ardelaine est précurseur d’un modèle d’entreprise qui se reconnait dans fondements de l’économie sociale, mais aussi dans le mouvement de la transition pour un futur durable. Dès le début de son action elle a pris en compte le respect de l’environnement, une organisation humaine participative et apprenante, un développement par diversification, l’intégration des parties prenantes, la valorisation des ressources au profit du territoire en circuit court, l’économie circulaire, etc. Sa réussite et sa durabilité dans un contexte qui a beaucoup évolué depuis sa création, prouve la résilience de son modèle qui exerce pourtant dans le domaine textile, très concurrentiel et déstructuré en France.

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"Epinac, un territoire minier face à son patrimoine : enjeux, conflictualité et nouvelles ressources"

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Loman GAUDUCHON

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La première partie d’intervention aura pour objectif d’aborder et d’expliciter les multiples difficultés rencontrées suite à l’arrêt de l’activité minière d’Epinac :

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• Des difficultés liées à la transition économique et sociale du territoire face à la crise industrielle. Avec, en toile de fond, des décisions politiques locales (municipales) et nationales témoignant de l’importance des phases de deuil, de rejet et d’oubli.

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• Des difficultés à caractère démographique, pour un territoire en proie à une crise démographique aiguë et prolongée, aggravant la perception du patrimoine industriel hérité, perçu comme passéiste, témoin de la crise subie et symbole du déclin.

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• Des difficultés d’ordre financier proprement liées au patrimoine, sa gestion et sa remise en valeur.

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Dépassant les difficultés plurielles de conservation du patrimoine précédemment évoquées, la deuxième partie du développement cherchera à démontrer le retournement opéré, depuis la fin du XXe siècle, des valeurs et usages potentiel.le.s de ce patrimoine architectural et minier. Un retournement opéré à plusieurs titres :

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• Un réemploi et changement de destination de bâtiments, infrastructures, anciens linéaires de transport à des fins sociales et ludiques, dont la finalité d’usage s’avère essentiellement locale.

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• Une réorientation économique et une diversification vers une économie de loisir et de tourisme (musée de la verrerie, de la mine et du chemin de fer, circuit des gueules noires, labellisation station-verte, bien que ce dernier n’ait pas été reconduit en 2018).

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• Des reconversions industrielles des anciens sites de production, avec l’implantation de nouvelles activités industrielles. Ces reconversions permettant le maintien d’un tissu économique avec un nombre d’emplois industriels encore supérieur à la moyenne nationale) et l’émergence de projets inscrits dans la perspective de la transition écologique.

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En dernier lieu, il s’agira d’établir dans une troisième partie les liens entre le territoire et les représentations de son patrimoine, celles-ci s’avérant tout à la fois inégales, modestes et marquées d’une diversité remarquée eu égard à l’urbanité mal affirmée du territoire. Tout d’abord, la recontextualisation aux territoires de la petite échelle permettront de souligner qu’Epinac s’inscrit à proximité de sites régionaux de plus grande envergure (Autun, Gueugnon, mais surtout Le Creusot, Montceau-les-Mines et Chalon-sur-Saône), cause d’un relatif estompement dans l’armature supra-territoriale et dans la capacité à faire valoir son patrimoine propre, commun comme remarquable. Il s’agirait ensuite de dresser une typologie des différents degrés de reconnaissance patrimoniale accordés aux éléments architecturaux, bâtiments et autres marqueurs paysagers de l’activité industrielle et minière d’Epinac, en s’intéressant à leur prise en compte dans le développement local (économie, urbanisme, tourisme…) et leur place dans le débat public. À ces aspects matériels viendront enfin s’ajouter l’originalité d’un important travail mémoriel et non-matériel, réalisé en lien avec la mission de valorisation des cultures orales portée par la Maison du patrimoine orale de Bourgogne.

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"Quel cerisier pour le « crassier » industriel de Châteauneuf ?"

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Dominique CHEVALIER, Cyrille CONORD et Michel DEPEYRE 

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Nous sommes partis d’un lieu, le crassier de Châteauneuf, tout près de Rive de Gier. Ce crassier sidérurgique accumulé au cours du XXème siècle est aujourd’hui l’enjeu de réflexions multiples : que faut-il en faire ? doit-on le conserver ou le détruire ? est-il nuisible ?   Nous avons porté sur ce terril des regards interdisciplinairesqui nous ont permis d’en faire un objet commun de recherche. C’est ainsi que nous avons appliqué le concept de « Site sacrifié », c’est-à-dire, d’un lieu dégradé, pollué, contaminé par une activité extractive ou industrielle lors des deux derniers siècles. D’une part, c’est le lieu du sacrifice au nom de l’activité industrielle et des profits économiques, d’autre part, il est le site du sacrilège par la destruction ou la corruption de l’environnement. La référence culturelle du concept pourrait apparaitre comme provocatrice ; à dessein elle révèle le pacte qui a été scellé dans l’histoire entre l’entreprise Marrel et les représentants des communautés de la vallée.

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Ce concept nous a permis d’enrichir des réflexions courantes posées par les institutions telles les notions de visibilité ou d’invisibilité de l’objet. Selon nous, il s‘agit en priorité de nous interroger sur la réversibilité ou l’irréversibilité de l’exploitation opérée sur le site. Site sacrifié veut-il dire que l’espace envisagé a été « sacrifié » au profit d’autres lieux ? Ce « sacrifice » est-il irrémédiable ? En végétalisant, le site pourrait-il à nouveau être porteur de vie ? La question en induit une seconde : Quelle marque permettra de laisser, dans la durée, le souvenir des dangers pouvant menacer les riverains ? Un second pacte devrait-il être conclu entre les populations et les acteurs du territoire ? 

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Alors qu’à Fukushima, au près des réacteurs, « la végétation a disparu, et le béton a entièrement recouvert les collines pour confiner la radioactivité dans les sols", les Japonais ont choisi de préserver et même de planter ce symbole polysème de leur culture : le cerisier. Un emblème semblable pourrait-il être installé à Châteauneuf ? Avec quelle signification et quelle mission ? Les efforts de remédiations telles la végétalisation ou les autres solutions proposées, sont un volet important mais il ne saurait cacher d’autres facettes de la problématique du terril : comment le site est-il perçu par les populations voisines ? Quelle mémoire a-t-on de l’histoire et de l’activité du crassier ? 

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Nous saisissons ainsi qu’à côté des acteurs-entreprises-mairie-association… ‘le crassier est « actant » à part entière : de façon passive ou active il tient une place importante dans les process qui concernent le territoire de Rive-de-Gier. Cet objet complexe de l’Anthropocène ne peut être regardé qu’à partir de points de vue multiples. À cette hétérogénéité de regards s’ajoutera une dimension éducative : comment transmettre aux générations futures les problématiques inhérentes au site, et quelles mémoires sauvegarder ? Nous proposons une communication à trois voix qui rendra compte de la diversité des regards sur notre objet d’étude. 

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"Le patrimoine, racines et levier de développement. Retour sur un projet « District métallurgique Triangle Bar-le-Duc /Saint-Dizier /Vitry-le-François » et Pôle d'économie du patrimoine « PEP »"

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Dominique PERCHET

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En 1999, à partir des exemples des districts industriels italiens, après une longue maturation, la DATAR lançait les SPL, systèmes productifs localisés, où une économie et un territoire formaient un tout cohérent, un système, via une auto-organisation que l'Etat voulait soutenir. En parallèle, dans le même esprit, le ministère de la Culture proposait les PEP, pôles d'économie du patrimoine. Deux démarches en synergie, intéressantes… mais qui n'ont pas été au terme de l'ambition.

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Pour avoir travaillé très en amont sur le district métallurgique du Triangle préfigurant ce qui sera baptisé SPL, puis construit avec le Comité Durenne - réunissant les associations de patrimoine métallurgique dans ce même secteur meusien, marnais et haut-marnais - un programme de pôle d'économie du patrimoine, il nous est possible de revenir non pas sur le passé (sauf pour en rappeler sa richesse) mais sur le potentiel que représente toujours un patrimoine comme levier de développement, pour tirer quelques leçons sous l'angle « stratégie de développement ». La communication abordera successivement ces points :

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A. Définitions rapides : districts, SPL et pôles d'économie du patrimoine. Des mots tout sauf innocents ; 

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B. Rappel historique et contexte : l'émergence des pays autour des territoires « vécus », des bassins de vie souvent liés à une ressource, une production, matérielle et immatérielle ; 

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C. Le PEP fonte d'art : valorisation du passé et engagement dans l'économie actuelle autour du thème de la ville, de l'équipement urbain ; 

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D. Aujourd'hui : quels stratégies permet le patrimoine dans le cadre d'un projet de développement ?

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E. Quelles formes d'organisation : Pays et villes d'Art et d'Histoire ? Labels ? Contrats ?  Implication locale, mises en réseau, 

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En conclusion : la rencontre de l'histoire et de la géographie qui était au cœur des démarches d'économie-territoire n'a plus la même pertinence, compte tenu des nouvelles formes d'organisation des entreprises (de plus en plus déterritorialisées) ; mais l'existence d'un patrimoine offre des possibilités qui vont bien au-delà de la muséification, de la visite. Le concept de patrimonialisation peut être vu comme une démarche active où les racines profondes permettent - sans trahison – des innovations dans tous les registres. A ce titre, le patrimoine est l'affaire de tous, un bien commun de plus en plus apprécié pour les repères et les potentialités qu'il propose.

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