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RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS

7. L'APPORT DES NOUVELLES TECHNOLOGIES

 

"L’état de l’art de la numérisation dans la transmission et la connaissance du patrimoine architectural"

Hamza ZEGHLACHE   

Le Maghreb a un grand potentiel étant donné sa richesse sociale et patrimoniale. Cependant, cette richesse n’est pas à l’abri des mutabilités sociales et environnementales. La documentation et la préservation de cette richesse héritée ne cesse de s’affirmer notamment dans l’éducation culturelle des magrébins. Lorsqu’on a commencé à enseigner le patrimoine architectural, on avait l’habitude de le définir par rapport à ses valeurs d’usage et d’existence saisies par le droit selon une approche normative qui a fait écho au souci de concevoir et de mettre en œuvre des outils aptes à satisfaire des objectifs de protection. En ce moment, il devient impossible d’approcher le patrimoine avec les mêmes paradigmes et les mêmes outils opératoires et pédagogiques. C'est pour cette raison qu'il devient légitime de proclamer les NTIC (nouvelles technologies d’informations et de communication) qui viennent ponctuer à leur tour le parcours de la préservation du patrimoine architectural dans les pays du Maghreb.

Dès lors, il nous a paru intéressant de mettre en lumière les différentes méthodes technologiques appliquées, notamment celle de relevé par balayage d’une multitude de nuages de points (la lasergrammètrie) ainsi que le panorama HDR. Pour ce faire, nous présenterons des exemples pratiques de sites et monuments patrimoniaux qui ont fait l’objet d’une reconnaissance et d’une reprise des restes en friche dans la ville de Sétif.  L’utilisation de ces « outils préventifs » nous a permis la documentation numérique de notre patrimoine architectural, de donner accès à l’information sur le comportement mécanique de l’objet architectural pour les temps futurs et de rendre durable des collections durables sous forme de méta data. À cette contribution, s’ajoutera l’apport de l’introduction des NTIC comme forme pédagogique innovante dans le domaine du patrimoine qui a non seulement révélé une nouvelle visibilité de notre patrimoine mais aussi a changé le regard vis-à-vis celui-ci.

"Géovisualisation 3D du patrimoine englouti des Gorges de la Loire"

Michel DEPEYRE, Pierre-Olivier MAZAGOL, Pierre NIOGRET et Jérémie RIQUIER

Le barrage hydroélectrique de Grangent, édifié entre 1955 et 1957, a profondément modifié le paysage des Gorges de la Loire entre Aurec-sur-Loire et Saint-Just-Saint-Rambert. Avant sa construction, se trouvaient dans les gorges des villages, des fermes, des usines, des routes, une voie de chemin de fer avec ses infrastructures (ponts, tunnels), un canal... Autant d'éléments paysagers qui résumaient l’histoire d’une région industrielle jusqu’aux années 1950. Par ailleurs, les habitants de villes comme Saint-Étienne aimaient venir se détendre en bord de Loire, dans des bals musettes et des guinguettes. Nous avions donc là une vallée occupée et utilisée depuis des siècles, une vallée qui tient encore une place dans la mémoire collective. Au cours des années 50, dans le contexte de reconstruction et de croissance économique des « Trente glorieuses », la modernité a initié une transformation radicale de cet espace, avec la construction du barrage. Dès lors, le lieu a changé de signification : les anciennes activités ont été détruites, montrant une brutalité de la modernité, négation d’une histoire antérieure, et un lac de plusieurs kilomètres de long a envahi la vallée de la Loire.

De fait, le paysage a changé aussi, devenant moins encaissé, plus riant, tout en symbolisant l’empreinte de la modernité de la seconde moitié du XXème siècle remplaçant le vieux paysage de l’industrialisation. De paysage de travail, il est devenu paysage de détente et de tourisme, comptant un port de plaisance, une base nautique et une plage. Le barrage matérialise donc une modernité qui a fait table rase. Cependant, quand, lors des vidanges décennales, le niveau du lac baisse sensiblement, le passé se laisse entrevoir au gré de l'émergence des ruines et autres vestiges. Le site initial réapparaît alors partiellement et avec lui, la mémoire engloutie refait surface. À ces occasions, les stéphanois viennent parcourir les lieux, emprunter les ponts, montrant par la même le réel intérêt qu'ils portent à ce patrimoine dont ils ont été privés.

Mais une autre modernité technique, notamment l'usage des SIG et de la 3D, permet de reconstituer les paysages engloutis, de nier les destructions de la Modernité par le biais de leur reconstitution numérique. Ainsi, par le travail conjugué de l’historien et du géographe, il est possible de revenir en arrière. Notre intervention, après une présentation du terrain d’étude et de son historique, décrira la mise en place d’une base de données géo-historiques et la construction de la géovisualisation 3D de ce paysage disparu. Nous présenterons nos premiers résultats ainsi que les usages possibles d’un tel outil, tant sur le plan mémoriel qu’en terme de valorisation d’un patrimoine et de son territoire.

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